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INSTALLATION « Je reste confiante malgré une trésorerie toujours difficile »

Sandra Marianelli, installée à Saint-Appolinard (42), explique : « Mon ambition est de proposer un éventail de végétaux, à l'image des palmettes. Je cultive des produits en fruitiers nains, adaptés aux petits jardins, aux balcons et aux terrasses. En matière commerciale, je souhaite me tourner de plus en plus vers la vente directe et les paysagistes. »PHOTO : CLAUDE THIERY

Passionnée, Sandra Marianelli a créé les Pépinières des Portes du Pilat, à Saint-Appolinard (42), à la suite d'une reprise d'entreprise. En dépit des problèmes techniques et économiques, elle innove et diversifie ses productions vers les petits fruits et les arbres d'ornement.

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Après une maîtrise de physiologie en productions végétales, Sandra Marianelli a occupé pendant neuf ans un poste de responsable « programme de sélection » au sein des établissements Eyraud Plants pour le développement du pétunia retombant. Elle y a aussi étudié la pigmentation du cyclamen, en partenariat avec l'université de Lyon (69). Après un congé parental, elle a changé de cap en 2008.

Une cession reprise très technique bénéficiant d'accompagnements

AIDES ET TRANSMISSION DES SAVOIR-FAIRE

À la recherche de nouveaux horizons, Sandra Marianelli a rejoint durant huit mois un laboratoire in vitro, à Saint-Étienne (42), où elle a travaillé sur les porte-greffes d'arbres fruitiers. « Ce poste m'a donné envie de m'intéresser davantage à la pépinière fruitière avec, à terme, le projet de créer ma propre entreprise », explique-t-elle. Dans le cadre de cet objectif, elle a suivi une formation bac pro « productions horticoles, option pépinière » par correspondance et a enchaîné en même temps des contrats de travail courts. Puis elle a passé deux années aux pépinières Domaine de Chapelan, à côté de Lyon, où elle a pu acquérir des connaissances supplémentaires sur la culture en conteneurs et une ouverture complémentaire sur les arbustes ornementaux.

Si elle avait eu au départ la tentation de s'installer en faisant le choix de tout construire sur un site connu par la chambre d'agriculture et la Safer, elle a rencontré Yves Dumas (Ets Dumas végétaux) par l'intermédiaire de son conseiller à la chambre d'agriculture de la Loire. Yves Dumas souhaitait céder sa pépinière implantée à Saint-Appolinard (42). Cette exploitation produisait essentiellement des arbres fruitiers en conteneurs et quelques arbustes ornementaux. « J'ai travaillé sur ce projet de reprise de septembre 2011 à janvier 2013, dont quatre mois à temps plein avec Véronique Dumas pour me familiariser avec la pépinière, les techniques de production et rencontrer les principaux clients de cette entreprise. »

Pour le suivi de la construction du projet de vente, elle a reçu, grâce au CER France, l'aide d'un avocat notamment pour l'estimation de la valeur de la pépinière. « Mon installation a été effective en janvier 2013, sous le nom de Pépinières des Portes du Pilat. Véronique Dumas est venue m'aider ponctuellement les six premiers mois afin de poursuivre la transmission des savoir-faire en particulier pour les palmettes fruitières (pommiers, poiriers) qui, avec les demi-tiges, était leur spécialité. » Cette culture, poursuivie et développée par Sandra Marianelli, démarre à partir du scion acheté en racines nues à des pépiniéristes locaux. Les arbres sont empotés en conteneurs de 15 litres pour les palmettes en simple U et en 22 litres pour les doubles U. Si les premières ne nécessitent qu'une année de culture, le double U demande au minimum deux ans. La formation des palmettes requiert une attention constante, des tailles pincements, des palissages. « J'ai aussi dû me familiariser avec la gestion des arrosages en fonction des besoins précis des plantes (tous les conteneurs sont équipés de goutte-à-goutte) et surtout le suivi phytosanitaire. Dès le départ, j'ai été confrontée à des dégâts importants dûs au xylébore disparate, un coléoptère qui pond dans le tronc des arbres au printemps et coupe la circulation de la sève (voir l'encadré ci-dessous). J'ai ainsi perdu une grande partie de mon stock de fruitiers en demi-tiges dès la première année. J'ai installé un système de piégeage mis au point par la Fredon Lorraine, solution qui m'a été conseillée par l'entreprise Phyto Conseil, à Salaise-sur-Sanne (38), et son commercial, Olivier Quattrehomme, qui m'a aidée. Constitué d'un piège croisillon rouge englué et d'un flacon d'alcool éthylique à 48 °, il donne de bons résultats. Et je n'ai pas hésité à brûler les sujets atteints. En trois ans, j'ai diminué la pression du ravageur jusqu'à atteindre seulement 5 % de pertes. » Ces trois premières années ont été difficiles pour Sandra Marianelli. Le marché des fruitiers et plus particulièrement celui des palmettes, produit plus haut de gamme, s'est ralenti et subit toujours la concurrence des pépinières étrangères.

Un démarrage difficile et un bilan financier loin du prévisionnel

LA PASSION DEMEURE TOUTEFOIS LE MOTEUR

La première saison de vente a été catastrophique avec, par exemple, seulement une cinquantaine de palmettes en double U vendues aux professionnels, contre cinq à six cents les saisons précédentes. « Même si la situation s'est un peu améliorée depuis, cela reste très difficile au niveau trésorerie. Je suis bien en-deçà de mon chiffre d'affaires prévisionnel. De plus, ma surface de culture est limitée. Toute cette production non vendue perturbe quelque peu les plannings de mise en culture et les développements d'autres productions. »

Pour être moins dépendante des arbres fruitiers (cerisiers, pommiers, abricotiers, poiriers, pêchers, amandiers, pruniers, noyers, plaqueminiers, figuiers) qu'elle propose en une trentaine de variétés, la pépiniériste développe une gamme élargie de petits fruits (groseilliers, framboisiers, cranberry, gojis, noisetiers, myrtilliers... ), et également des d'arbustes d'ornements. « Mon ambition est de proposer un éventail de végétaux, à l'image des palmettes, adaptés aux petits jardins, voire aux balcons et aux terrasses, avec une gamme de fruitiers nains, et de me tourner de plus en plus vers la vente directe et les paysagistes. La pépinière est encore peu connue, mon prédécesseur avait essentiellement une clientèle professionnelle : pépiniéristes, points de vente, paysagistes. Ainsi, en plus des marchés et des foires aux plantes, je m'efforce de multiplier les actions de communication : portes ouvertes, réseau de ferme en ferme. » Sandra Marianelli compte également se faire connaître autour d'un produit qu'elle a créé sous le nom de « palmette topiaire », à partir de deux variétés de pommiers à fleur : Malus 'Everest' et Malus 'Aldenhamensis'. « C'est à la demande d'une voisine qui recherchait un pommier à fleurs formé en palmette pour son mariage que j'ai créé un coeur ainsi que les deux initiales des prénoms. Aujourd'hui, toutes les lettres de l'alphabet sont disponibles, ainsi que des animaux : hippocampes, dauphins, phoques, ânes. La vente est confidentielle pour l'instant. Mais ce produit doit évoluer et pourrait intéresser les fleuristes et les jardineries pour la Saint-Valentin ou la fête des Mères, par exemple, les collectivités pour marquer les entrées de bourg ou les parcs publics. La pépinière, c'est difficile, mais c'est ma passion... Je reste confiante en l'avenir », conclut la pépiniériste qui, cette année, a la chance de bénéficier de l'aide d'un stagiaire durant deux semaines par mois jusqu'à fin mai. « Il est en troisième au sein de la maison familiale et rurale d'Anneyron (26). C'est un coup de pouce énorme ! »

Claude Thiery

Les arbres sont empotés en conteneurs de 15 litres pour les palmettes en simple U qui nécessitent une année de culture.

PHOTO : CLAUDE THIERY

Le double U demande au minimum deux ans de production. La formation des palmettes requiert une attention constante en termes de tailles pincements, de palissages...

PHOTO : CLAUDE THIERY

Sandra Marianelli a créé un nouveau produit sous le nom de « palmette topiaire ». Originale, cette gamme compte aujourd'hui toutes les lettres de l'alphabet (G ci-dessus).

PHOTO : SANDRA MARIANELLI

Sandra Marianelli a créé un nouveau produit sous le nom de « palmette topiaire ». Originale, cette gamme compte aujourd'hui toutes les lettres de l'alphabet (R ci-dessus).

PHOTO : SANDRA MARIANELLI

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